Rosemary Kennedy (1918-2005) était la sœur aînée du futur président des États-Unis, John F. Kennedy. Issue d’une famille influente, elle a été victime d’une lobotomie à l’âge de 23 ans, une intervention censée traiter ses troubles du comportement mais qui l’a laissée lourdement handicapée. Son histoire met en lumière les pratiques psychiatriques controversées du XXe siècle et les tabous entourant la santé mentale dans les familles puissantes.
Jeunesse et difficultés
Rosemary Kennedy naît en 1918 dans la prestigieuse famille Kennedy. Dès l’enfance, elle présente des difficultés d’apprentissage et un retard dans le développement par rapport à ses frères et sœurs. À l’adolescence, elle souffre de sa mise à l’écart et de la pression familiale pour préserver l’image publique des Kennedy.
À l’âge adulte, elle commence à manifester des sautes d’humeur et des comportements jugés instables, probablement exacerbés par un environnement familial exigeant et le manque de prise en charge adaptée.
La lobotomie
Dans les années 1940, les troubles mentaux sont souvent traités par des méthodes radicales. Son père, Joseph Kennedy, décide d’autoriser une lobotomie expérimentale pour "corriger" son comportement et améliorer sa stabilité émotionnelle.
En 1941, la procédure est pratiquée par le Dr Walter Freeman et son collègue James Watts. Elle consiste à sectionner des connexions dans le lobe frontal du cerveau. L’opération tourne au désastre : Rosemary perd presque toute capacité à parler et à se mouvoir de manière autonome. Elle est réduite à un état infantile et nécessite une assistance permanente.
Conséquences et mise à l’écart
Après l’opération, la famille Kennedy garde le secret sur l’état de Rosemary. Elle est envoyée dans une institution spécialisée, loin du regard du public. Sa condition reste cachée jusqu’aux années 1960, lorsque la vérité commence à émerger.
Ce n’est qu’après la mort de Joseph Kennedy que certains membres de la famille, comme sa sœur Eunice Kennedy Shriver, s’engagent activement dans la défense des personnes handicapées, notamment en créant les Jeux olympiques spéciaux.
Héritage et impact
L’histoire tragique de Rosemary Kennedy a contribué à remettre en question les pratiques psychiatriques brutales comme la lobotomie. Son cas symbolise les dangers des interventions médicales irréversibles et des décisions prises sans le consentement du patient.
Grâce à la prise de conscience qu’elle a suscitée, des réformes ont été mises en place pour protéger les droits des personnes souffrant de troubles mentaux et pour développer des traitements plus humains.
Conclusion
Rosemary Kennedy incarne une époque où la santé mentale était mal comprise et où les familles puissantes cherchaient à cacher leurs vulnérabilités à tout prix. Son histoire a laissé un impact durable sur la prise en charge des troubles psychiatriques et sur la nécessité de traiter les patients avec dignité et respect.
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