L'affaire des orphelins de Duplessis est l’un des plus grands scandales de l’histoire du Québec. Entre les années 1940 et 1960, des milliers d’enfants orphelins furent injustement diagnostiqués comme malades mentaux et placés dans des asiles psychiatriques. Derrière cette manipulation se cachait un système qui profitait financièrement des subventions fédérales plus élevées pour les hôpitaux psychiatriques que pour les orphelinats. Cette tragédie, longtemps occultée, n’a commencé à être reconnue publiquement qu’à partir des années 1990.

Contexte historique

Dans les années 1940 et 1950, le Québec était dirigé par le Premier ministre Maurice Duplessis, un homme fortement influencé par l’Église catholique. Les institutions religieuses géraient la majorité des orphelinats et des hôpitaux psychiatriques. À cette époque, la province était marquée par un fort conservatisme et une mainmise de l’Église sur les affaires sociales et éducatives.

Les orphelinats étaient financés par des subventions fédérales, mais celles allouées aux hôpitaux psychiatriques étaient beaucoup plus élevées. C’est dans ce contexte que des milliers d’enfants ont été reclassés abusivement comme souffrant de troubles mentaux afin de générer plus de fonds.

Le traitement des enfants

Une fois diagnostiqués comme « malades mentaux », les orphelins étaient placés dans des asiles psychiatriques où ils subissaient des traitements inhumains. Beaucoup furent victimes de maltraitances physiques, psychologiques et parfois sexuelles.

Les témoignages des survivants décrivent des conditions effroyables : isolement, privation de soins, sévices corporels et abus de médicaments. Certains enfants furent même soumis à des expériences médicales, notamment à des tests de médicaments psychiatriques ou des électrochocs.

Une affaire cachée pendant des décennies

Durant plusieurs décennies, ce scandale fut occulté. Les enfants, devenus adultes, furent nombreux à vivre dans la honte et l’oubli, incapables d’obtenir justice ou reconnaissance. Ce n’est qu’à la fin des années 1980 et au début des années 1990 que l’affaire refit surface grâce aux témoignages des survivants et au travail de journalistes et d’historiens.

Reconnaissance et réparations

Dans les années 1990, le gouvernement du Québec fut contraint d’ouvrir une enquête sur ces pratiques. En 1999, un premier accord d’indemnisation fut proposé aux survivants, mais il fut jugé insuffisant par nombre d’entre eux. Les excuses officielles du gouvernement ne vinrent qu’en 2004, et les indemnisations restèrent limitées.

Le scandale des orphelins de Duplessis a mis en lumière l’abus systémique dont furent victimes ces enfants, dénonçant à la fois l’influence excessive de l’Église catholique dans les institutions publiques et la corruption du système psychiatrique de l’époque.

Conclusion

L’histoire des orphelins de Duplessis illustre une période sombre du Québec où des enfants innocents furent sacrifiés sur l’autel du profit et de l’idéologie. Si la reconnaissance officielle a été tardive et incomplète, bien que Maurice Duplessis, l’Église catholique et certains psychiatres soient identifiés comme les principaux responsables, aucune condamnation judiciaire majeure n’a eu lieu. L’affaire des orphelins de Duplessis reste un exemple de justice tardive et partielle, où les victimes ont dû se battre pendant des décennies pour obtenir une reconnaissance et des réparations.elle rappelle néanmoins l’importance de la vigilance face aux abus institutionnels et aux dérives médicales.