António Egas Moniz

António Caetano de Abreu Freire Egas Moniz (1874-1955) est un neurologue, psychiatre et homme politique portugais. Il est principalement connu pour avoir développé la lobotomie, une technique controversée qui lui valut le Prix Nobel de médecine en 1949. Son travail a profondément marqué l’histoire de la neurologie et de la psychiatrie, mais il est aujourd’hui sujet à débat en raison des conséquences dramatiques de ses recherches sur les patients.

Contexte historique

À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, les maladies mentales sont considérées comme incurables. Les traitements psychiatriques incluent l’isolement en asile, les électrochocs et diverses méthodes expérimentales. Egas Moniz, influencé par l’évolution des neurosciences et de la neurochirurgie, cherche un moyen d’atténuer les troubles psychiatriques sévères par une approche chirurgicale.

Développement de la lobotomie

Inspiration et hypothèse : En 1935, Moniz assiste au Congrès neurologique de Londres où des chercheurs montrent que des lésions frontales chez des chimpanzés modifient leur comportement agressif. Il en déduit que des connexions neuronales hyperactives dans le lobe frontal pourraient être responsables des troubles mentaux humains.

Premières interventions : De retour au Portugal, il teste cette théorie sur des patients atteints de schizophrénie et de dépression sévère. Il développe la leucotomie préfrontale, une procédure consistant à injecter de l’alcool ou à sectionner les fibres reliant le cortex préfrontal au reste du cerveau.

Résultats et popularisation : Moniz rapporte une amélioration chez certains patients, bien que les effets secondaires soient graves (apathie, troubles cognitifs, perte de personnalité). Malgré cela, il publie ses résultats et influence des neurologues américains comme Walter Freeman, qui popularise la lobotomie aux États-Unis.

Reconnaissance et controverses

Prix Nobel de médecine (1949) : Moniz reçoit la plus haute distinction scientifique pour son « apport à la psychiatrie ». Cette récompense légitime alors la lobotomie comme traitement.

Critiques médicales : Dès les années 1950, des psychiatres et neurologues commencent à remettre en question l’efficacité et l’éthique de la lobotomie, qui entraîne souvent des dommages irréversibles.

Déclin de la méthode : L’avènement des médicaments psychotropes, comme la chlorpromazine, remplace progressivement la lobotomie à partir des années 1960.

Autres contributions scientifiques

L’angiographie cérébrale : Avant de s’intéresser à la lobotomie, Moniz développe une technique révolutionnaire pour visualiser les vaisseaux sanguins du cerveau, permettant une meilleure détection des tumeurs et des anévrismes. Cette avancée est encore utilisée aujourd’hui en neurochirurgie.

Fin de vie et héritage

Attaque et paralysie : En 1939, un patient schizophrène lui tire dessus, le laissant partiellement paralysé. Il doit alors abandonner la pratique médicale.

Débat posthume : Son héritage oscille entre reconnaissance pour l’angiographie et condamnation pour la lobotomie, désormais perçue comme une erreur scientifique et éthique majeure.

Conclusion

António Egas Moniz incarne une figure ambivalente de la médecine. S’il a apporté des contributions fondamentales à la neurologie, son rôle dans la promotion de la lobotomie reste un exemple des dérives médicales lorsque des avancées sont appliquées sans recul éthique.